La nudité de l'esprit.

La nudité de l'esprit.

Deux auteurs pour un texte.

 

 

 

 

 

Jeanne et le vingtième cavalier et hombre.

 

 

Je suis Jeanne née à Domrémy dans le Duché de Bar. Et en Loraine, bergère par amour et par tendresse mais mon joli cœur de pastourelle  entend souvent des voix.  Elles me disent de libérer la France des anglais  et de reprendre Orléans et Paris. Mon oncle s’est saigné à blanc et de vif sang pour m’offrir un étalon. Il s’appelle Ombre mon archétype et à caresser sa douce robe, un long frisson parcourt déjà ma croupe. Je suis maintenant le vingtième cavalier des quarante quatre merveilleux. Fière d’être la quatrième cavalière sacrée au nom de la France, galope mon cheval ! Je vais voir Charles le dauphin, je sais qu’il me confiera une armée, une armure et une bannière blanche, il m’offrira. Alors montée à cru sur mon destrier blanc,  mon ventre devient ivre du balancement de son galop, folles chevauchées, mes entrailles contre son poitrail, chancellent de ce moment charnel qui berce la femme et la bête, symbiose impudique. Infâme posture de moi Jeanne la pucelle qui confie à son bel étalon, ses désirs de jouvencelle. Il sera mon fervent amant et je défie quiconque d’aventurer sa main sur la crinière encore chaude de nos gestes interdits. Mon Roy et Ombre seront mes deux uniques valets de couche. Une épée par mon Roy me fut offerte … Moi je désirais celle de Sainte Catherine mais on m’a demandé d’être celle que je ne suis pas, d’avoir reçu l’oncques mais je ne suis qu’une humble paysanne. Charles alla chercher l’épée marquée de cinq croix et introduite dans son fourreau  par l’envie des  mains d’un homme qui aime mais qui n’ose pas … Mon épée glissa, langoureuse introduction à gauche de ma ceinture d’homme, chaste apparat que je portais déjà. Rendue au siège d’Orléans, je chargeais ces mauvais anglais et ignobles bourguignons. Á Amiens où je maudissais les bourguignons, rebelles à mon Roy. Consacrée de l’huile sainte  de Clovis à Reims, mon étalon se cambrait, mon épaule droite était démembrée d’une flèche d’anglais, javelot empoisonné ! Ombre, mon ami plia ses membres à demi moribonds, l’âme emplie de bonté, pour mieux me laisser descendre. Bon dieu j’aurais tant aimé être aveugle, mes deux yeux crevés par l’amertume du mal que je souffrais à te voir trépasser dans ces maudites batailles. Le dernier soubresaut se déroula à Amiens, les bourguignons m’ont prise. Ils ont baissé le pont-levis, entre moi et mon armée, une tonne de fer, de rouille et d’acier, une barrière me mit à nue entre le ciel et la terre. Ombre être d’intelligence et de lumière s’éteignit, une mise à mort consentante. Il déroba  deux des trois flèches qui m’étaient destinée, la troisième traversa mes viscères mais ne fut point mortelle mais une profonde entaille aux creux  de mon esprit perforé. Ombre mort, moi je fus vendue pour dix mille livres aux anglais.  

 

Voici ainsi raconté, le sort du vingtième chevalier des quarante quatre heureux.   

 

 Rachel Désir et Éric Hubert

 

 



13/09/2012
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