La nudité de l'esprit.

Mais qui est donc cette  très vieille femme qui m’allaite encore ? Elle est vraiment âgée,  son visage m’est familier … Elle porte les rides du monde entier et son lait est éternel colostrum. Elle est assise là sur cette simple chaise, comme une pauvrette, avec son petit air de vendeuse d’allumettes … Moi  bien calée sur ses genoux à demi étouffée sous ses seins joufflus mais de son bouche-à-bouche je renais à chaque instant. Le temps ne la soucie guère, blizzard d’autres lèvres. Entre deux battements de son cœur s’infiltre le chant du zéphyr. Elle est si bonne écuelle sur ancestrale table de chêne. Ses mains sont des bougeoirs où s’écoule cette cire chaude d’antan, moi je voudrais bien être son cireur de pompes … Je ne suis qu’une diseuse de mensonges avant la grande porte. Et puis je me dis elle a une bonne bouille cette petite vieille, là. De bouche à oreille j’ai entendu dire qu’elle se nommait la vie.