La nudité de l'esprit.

La nudité de l'esprit.

Nouvelle d’un temps perdu. (première partie )

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Tu disais que le mot amour n’était qu’un blasphème se lisant sur ma bouche … Pourtant tant de fois sur mes lèvres se sont formées ces deux syllabes : «  ai mer ». 

 

Je crois bien que j’ai rêvé … Chez  nous, les immortelles ne vivaient jamais, fanées avant d’éclore, assassinées dans nos entrailles rêveuses, dans le songe de vivre ici même ce qui ne pouvait se vivre qu’ailleurs … Dans son vieux pardessus râpé, il en a vu mon vieux ! Le ciel avait la couleur anthracite de notre or noir !  Une poussière grisâtre recouvrait nos meubles et nos âmes. Les larmes translucides de mes yeux poussiéreux caressent l’iris noir de mon enfance et mon encre noire éponge les pleurs d’un gavroche mendiant de bonheur. 

 

Nous sommes en 1964, je vins au monde … Enfant de parents juvéniles, père était imberbe et ma mère presque jouvencelle ! La pauvreté berçait ma croissance et le désespoir fut le berceau de papa. Quittant ce monde anthracite pour voir ailleurs si la terre était plus belle … Mon père conquérant d’une nouvelle existence se trouva  une autre vie au sein  d’une petite prairie, industrie sur la rive gauche de la nuit. Ma mère pourvoyait aux besoins de notre petite ruche, cela était un travail à plein temps. Ce n’était pas Byzance mais c’était mieux que rien ! 

 

1964 c’était l’époque où les femmes étaient  des génitrices  avant d’être une femme … Des enfants d’abord et la misère par-dessus, c’était la mode d’un destin tout tracé ! Une fresque purulente de mes neuf ans écorche encore mon présent. Le clergé était bestial, un jour je vis maman en larmes, elle revenait du confessionnal … Un curé bien intentionné lui avait ordonné de défricher les terres de sa mémoire et d’ensemencer d’autres pensées … Avec papa nous étions bien  d’accord sur un point, nous, on n'en voulait plus  de braillard !  Sous la contrainte d’une excommunication, papa et maman  mirent de nouveau  la main à la pâte. Pourtant mère était restée bien fragile de son dernier accouchement … Deux évènements se succédèrent, une fausse couche puis la naissance de ma cadette en 1966. Moi d’être une grande sœur je m’en serai bien passé … Je voulais être enfant unique comme mon amie Anaïs Toutes les libertés lui  étaient  acquises ! Elle possédait une chambre pour elle toute seule et ça pour moi c’était grandiose ! Dans ce havre serein, je commençais à m’éprendre de l’art. Chatouillée par l’envie créatrice, je collais et dessinais. Sa mère était débordante de bonté et j’avoue m’être souvent faîtes caresser par les sentiments maternels de cette autre mère. Ai-je fauté mon Dieu ?  Cette infidélité à ma propre mère … Mais c’était si bon ! Maman avait décidé que j’étais suffisamment mûre pour devenir marraine de ma petite sœur. A ce moment le ciel gronda, il allait me tomber sur la tête ! Je me sentais si frêle sous le joug de cette responsabilité ! Controverse du sort, l’amour des enfants vint  s’incruster en moi …

 

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27/01/2014
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