Lettre à ma mère.
Tu es ma Louisiane, celle qui fait pleurer les vagues et blondir les champs de blés. Dans l’éther immaculé tu es mon île de beauté. Et dans tes draps blancs se froisse le temps. Les ailes du goéland n’égalent pas le vol de tes vingt ans. Je déverse sur papier blanc tout le vouloir de tes bras de mère, toutes les absences de mon cœur d’enfant, de mes crises d’adolescence. Le bras de Gibraltar nous semblait nain quand ont déferlé les eaux de ma naissance. Les clapotis des fièvres de mon berceau ne sont que château de paille au creux de ta main. Et dans mon cœur brûle toujours le feu de ce printemps où tu m’emmaillotais de tes mains gercées par le froid de la rivière où tu blanchissais dans la glace la cotonnade de mes langes blancs. La chaloupe et le grand vent, la neige tisse la grand'voile de notre océan de pleurs bleus, d’une rose fanée trot tôt, de ses regrets incarnats. Mais qu’importe le givre de cet amant … Dans le parloir de notre rêve blanc tu es l’amante de mes yeux, la berceuse de mes prunelles d’orpheline, la plus belle danse où tu dessines, ma ballerine, le lac des cygnes.
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