La nudité de l'esprit.

La nudité de l'esprit.

Ma plus belle histoire de vacances d'enfance.

 

 

 

 

 

 

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Je te revois papi, le cœur en écharpe, emmitouflé dans un matin de décembre. Tes sabots dans la poudreuse, tu allais gaiement, les yeux mendiant de la chaleur du temps … Ta main gauche dans ta poche vagabonde veillait à ce petit sou qui allait égayer ce matin de Noël de quelques friandises. En ce temps là, tu n'avais guère d’argent mais ta tendresse était un monument, fringale des jours heureux où mon cœur palpitait sur ton chemin de paix enrobant mon enfance de ce goût de sucre d’orge. Mes enjambés de gosse au pas chassé d’une ballerine au ballet de la vie, sur la pointe des pieds ton sourire m’enivrait, au creux de ta main un refrain bohémien, tes doigts tapotaient dans ma menotte, oui je me souviens, tu chantonnais « Le temps des cerises. » Je me pourléchais les lèvres de ce pas sucré. Brochure d’un regard, à trop vouloir te regarder je m’étais entravée, m’étalant au pied  de quelque chose avec une robe et des chaussures masculines … Me relevant tout doucement, ma frimousse toute égratignée par les ferrets des lacets de ce triste sire. Je distinguais malgré mes yeux boursouflés de pleurs   mes agresseurs, c’étaient  de simples mocassins oui mais si bien encaustiqués que l’odeur de leur cire  resta coller à mes narines de bien longues journées, mon nez était cassé ! Monsieur le curé avais-je trop péché ? Pour vous saluer ainsi, mon tendre minois sur vos souliers. Aujourd’hui pépé, nos siestes à l’ombre du grand cerisier  me reviennent, une vie à l’ancienne berçant tes paupières dans ton jardin fleuri où riaient les hélianthes sous le chiendent banni où saluait le rosier sous le muguet béni, où la grive musicienne, son chant haut perché, entonnait le printemps. Mais le temps est un comédien … Harcelant notre bohème de rides de jasmin. En ces instants frileux, pull-over de novembre les jouets de la vie, le hochet de ma tendre enfance tinte entre mes doigts, mélodie cruelle nos heures en rappel. Tes cheveux blancs  misère au vent … ô ! Papy, ces flocons de neiges éternelles sur tes lunettes et cette buée sur le rétroviseur de mon cœur, où t’en vas-tu garçonnet ? Ta main armoire du temps, crampes aux jambes tes matins fugueurs, matins rêveurs toutes les cendres de décembre. Fillette ne va plus cueillir l’airelle, l’aigreur du cerisier sur la branche cassée, le mouron des oiseaux, le rossignol chassé, le célibat des tournesols amaigris sous la morgeline. Notre jardin défleuri, papy, la bêche des années a fatigué tes pieds, des crevasses à tes mains les gerçures de son manche. Orgelet de l’hiver sur tes paupières, compère-loriot  tes nuits de Noël somnolentes, pleuvinent entre mes cils et ta prunelle la rosée des longs mois de septembre. Où m’en vais-je fillette abandonnée ?

 

 

 

 

 

 Je garde sucre d'orge le délit de ma prose. Et j'ose être sa gosse.   

 

 

 

 

 

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09/10/2015
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