Aujourd’hui …
Après le décès de ce temps, bien sûr les aiguilles ont continué à tourner … Mais il y eut ce grand froid comme un hiver intérieur … Á lèche-vitrines les jours, ma main au compte-gouttes d’amour, nos fruits d’été talés … Le chardonneret instant d’une gaieté, sur la branche cassée sifflotent nos amours passés. Sous l’olivier respirent encore nos guenilles étalées soupirs vénitiens, Juliette un bandeau sur les yeux … Me tendent nos mains nos ballots d’autrefois, la guinguette au bord de l’eau, le naufrage de ma peau cette tierce où il faisait si beau. Canaille un escabeau se dresse vers ce ciel en lambeaux, l’escadrille de mes rêves en espadrille. Une odeur de boulanger gambade dans la charmille, un goût de pain au chocolat tout chaud dans la paume de ma bouche. Me reste l’aumône de quelques miettes encore tièdes tant le creux de ma main. Tes bouts de doigts pétrissant le levain de notre pain quotidien, s’initie dulcinée de mie la tendresse concubine d’un petit bout de chemin. Me semble quelquefois revenir cueillir l’airelle, crécelle l’aube d’une jouvencelle, immortelle prunelle le déshabillé d’une abeille, bourdonnent ses ailes dans notre prairie si lointaine, un jardin d’éden où je virevoltais naguère bohémienne aux yeux clairs.
Une vieille guimbarde, quelques larmes trimbalent une chafouine d’histoire, un coup de froid au bord des reins, courbature dans le bas du dos, le chat fouine.
Baigneuse bohème,
l'ivresse d'un poème,
me reviennent bohémiennes
les valses de Vienne,
berceuse de caresses tièdes,
ta main dans la mienne,
quiétude,
le firmament brode nos souvenirs,
en n'en plus finir,
arpèges de vie
l'infini d'un soupir,
solfège sous pli.
Rachel Désir
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