Les anges de la faucheuse.
Et la vie danseuse sourde chemine légère, l’or de tes yeux fresque immobile, l’aurore lambine en robe de collégienne, colombine dans son aube. Le crépuscule au jean rapiécé à l’emporte-pièce d’un faubourg vénitien, sous le pont de mes soupirs une amante travestie fait le guet … Un rêve en couveuse où la lune en poudreuse enfante ses lagons, une onomatopée ruisselle sur tes lèvres chagrinant ma bouche boursouflée d’amour. Où vas-tu mon infidèle souriante et gaie sous le temps apeuré ? D’un baiser courte paille l’hiver m’appelle à sa source, les tenailles du givre, ma main souffreteuse, des gerçures de gueuse sous la brise hivernale, j’entends battre mon cœur écho sans réverbère … Nous n’avons même plus besoin de nous séduire juste à nous mentir, juste à s’aigrir d’un déshabillé de ruine. Vie tu es cette femme aux seins lourds et nus qui ne m’allaite plus.
J’avais écrit ce texte lors d’une garde à domicile pour pourvoir à des soins palliatifs. La genèse de cette histoire date de 1996. Le coche de la faucheuse, ses pas retentissaient si proches, être la mouche du coche ne me desservait en rien. La faucheuse l’ayant dévêtue de son dernier souffle … Je déposa alors ma feuille de papier sur une vieille chaise en paille. Au porche sonnait déjà le glas lorsque j’entendis la voix de sa fille dans l’interphone … Elle pénétra dans la chambrée, le crépuscule clignotait clin d’œil à la faucheuse … J’allumais la lumière qui semblait animer ce visage blême. Par compensation sans doute, je ne sais pas, le doute m’envahissait … De sa main, sa fille déplia ce bout de papier, mon bout de papier que j’avais chiffonné de ma main tremblante d’avoir trop parler sur un simple bout de papier.
Elle le lut puis me dit :
-« C’est inhumain d’écrire ainsi mais vos phrases me hèlent. »
Moi je lui susurrai au creux de son oreille. »
-« La mort est-elle humaine ? »
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