Oh oh !
Extrait n°7 sélectionné, tiré du livre de Rachel DESIR: Vertige.
Sa tenue tirée à quatre épingles prouve ses bonnes résolutions, pourtant la mèche balayée ornant son front d'aventurier laisse envisager une rentrée mouvementée. Telle une tornade, il s'engouffre à l'arrière du véhicule heurtant sa tête contre le montant de cette satanée portière. Une bosse assez volumineuse se distingue au milieu de ses cheveux ébouriffés, il n'a pas le temps de s'attarder sur ce détail. La voiture s'arrête piano sur le parking, dans une ambiance de bizutage s'ébruitent les préliminaires d'une journée prometteuse. A petits pas, Lou se dirige grave vers cette grille au ton sournois, il saisit la poignée morcelée de rouille.
Le portail grince, s'ouvre béant sur les portes d'un nouveau paysage peuplé d'images douteuses. Il se languit un court instant sous cette porte cochère puis il franchit son seuil, apostrophé par une voix inconnue, patibulaire. Opiniâtre, il ne répond point à cette parenthèse insipide. Son interlocutrice se rebiffe devant ce refus catégorique d'obtempérer, elle récidive :
-" Bonjour jeune homme ".
Très explicite, Lou rétorque : -" Je me nome Lou Dupont ".
-" Très bien Lou, viens t'asseoir ici au fond de la classe ".
Le regard très suggestif, ses yeux mitraillent Lou, proie idéale, futur bouc émissaire de ses sauts d'humeur intempestifs.
Lou captif prostré délibère, des phrases tissées en vers de soie et en prose de sang pirouettent dans son subconscient submergé.
Cette salle à l'odeur âcre d'impressions renversées stimule l'appréhension de Lou, sur ses murs métamorphosés en remparts se sculpte l'insatisfaction d'un petit homme désappointé.
Cependant sous ce galbe rébarbatif, sous l'air féroce de cette créature au teint glacé, se dissimulent des rêves indécis, des phases inexplorées, des dettes non affranchies.
Dans son enveloppe charnelle s'est incrusté un cœur scellé.
A son réveil, stupéfait Lou sent la caresse d'une main méconnue sur son front en nage.
Cet effleurement l'intrigue, ses yeux fébriles s'extasient devant ce qui lui semble un mirage. Déboulent devant lui des flashs ininterrompus, Anaïs se trouve là, tout prêt de son corps encore ruisselant des escarmouches de Morphée. Elle est vêtue d'une robe en satin de couleur pourpre. Le reflet du soleil fait naître dans sa chevelure ombrée, mille étoiles éphémères qui se meurent en silence. Sa peau délicate libère un parfum captivant. Lou envoûté divague, voyage dans un monde étrange, se perd dans son cosmos. Il voudrait entrecroiser l'horizon, mélanger la raison et la déraison pour goûter à ses saveurs qui n'appartiennent à personne.
Dans son délire bercé de tendres instants en suspens, il s'enivre d'un breuvage insolite. Les palpitations de son cœur tambourinent le son angoissant du cri du présent. Petit tambour s'en va à la guerre bravant le souffle du temps, guettant une accalmie pour poser le poids de son trop plein d'émotions. Aucun fard, aucun voile, la réalité est là bien là.
Il faut l'affronter, s'agripper au moindre branchage même dénudé, ne pas jouer l'aveugle mais s'enrichir d'une certaine manière de ces moments au goût violent de la vie. Désencombré de cette peur sauvage, Lou accepte la présence d'Anaïs. Il se délecte en apercevant son corsage si sensuel. Dans son décolleté enjôleur deux fruits à peine mûrs demandent impunément la fuite de ce corps de vierge. Par peur de blesser cette peau si fragile, saupoudrée de cannelle, Lou n'ose pas effleurer l'innocence des sentiments. La bouche pure d'Anaïs réclame le premier baiser, celui qui a un goût de miel, un parfum éternel. Lou avec talent improvise le rôle du parfait séducteur, le scénario transparent d'un idéalisme presque parfait s'infiltre sans sommation au creux d'une invitation indécise.
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