La nudité de l'esprit.

La nudité de l'esprit.

L'aumône de mes roses.

 

Je voudrais mourir au printemps juste avant l’aurore des roses. M’accrocher à leurs feuilles, m’abreuver des gouttes de leur rosée sanctuaire défait. Du bout de mes doigts dégrafer une dernière fois le corsage de leurs pétales. Je voudrais seulement m’endormir au creux de leur corolle, m’enivrer de leur pollen, blasphème de mes larmes. Je voudrais faire vrombir leur sève, pécher de jouvence, dernier râle de floraison. Je voudrais me calfeutrer au cœur de leur feuillage, vierge de silence. Dernier fruit charnel des quatre saisons, être le bourgeon d’hiver, la rose des sables d’un été, la rose de Noël au mois de mai, être moisson de printemps, être la récolte de la faucheuse de mes pleurs à l’orée de l’automne,  être ciel d’une neige éternelle en septembre. Je voudrais que le jardin de mes roses soit mon dernier couvent, le couvre feu d’un dernier roman. Je voudrais cueillir le sommeil des roses dans mon berceau d’enfance. Je voudrais noyer mes derniers vers dans l’ivresse de mon souffle en apnée. Je voudrais craquer la mine de mon crayon sur le buvard  pâle de mes cernes. Je voudrais faire ruisseler ma dernière encre sur mes courbes défuntes, les dernières cambrures de mon corps en voyage. Je voudrais être exil dans l’ultime battement de mon cœur. Je voudrais fumer  le crack du parfum de mes roses, dernier calumet de paix. Je voudrais écarteler l’aube, épine de mon âme, je voudrais donner à l’aubépine  la beauté de la rose, dernière fleur de mon jardin secret. Jardin d’ébène  où se meurt l’éphémère, tous les jardins d’ Éden.

 




23/05/2013
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