La nudité de l'esprit.

Sa vie, 1960 les peupliers verdoient au bord de l’eau vive, les roseaux sauvages, l’ivresse des joncs sous la guérilla de l’ivraie. 1975 en sandale, sa bohème au clair de lune hypnose de jouvencelle, deux trois ou petits coups de sonnette … 1980 des baskets aux pieds, ses lacets détachés, une bicyclette déjantée, un guidon argenté, un voile sur les peupliers son jupon et son corset. 1990 une bicyclette à la roue voilée grince, un guidon au chrome terne … Un pédalier et des liens, la chaîne et ses maillons. 2010 la guidoline sur le guidon d’une bicyclette lustrée, un palonnier, de l’huile sur la chaîne, elle veut se faire croire que c’est encore l’été, sa robe blanche sous les peupliers. 2030 Vêtu d’un tablier de coton, il est vrai elle n’a plus toute sa raison, les peupliers se courbent sous l’horizon, l’ivraie jonche ses pieds, une bicyclette rouillée, la fugue d’un pédalier. Palan la vieille bicyclette, la guidoline  emportée par le vent feuillage des peupliers … Elle s’est rêvée avec ces yeux de scandinave, le tourbillon de l’eau vive, l’ivresse de la guérilla des roseaux sauvages, elle se réveille avec ses bas de laine, le pas lent,  les joncs gauchis, plus de dentelle à la cime des peupliers, l’ivraie à leurs racines. Le livret d’une bicyclette, au bord d’une eau dormante la livrée des saisons, une sonnette grinçante, un pédalier clochard d’un guidon rayé, une roue aux rayons voilés, une chaîne et ses maillons rouillés, l’hémorragie du temps.